Sophie Brassart, poèmes
Blondeurs intrigantes
le sable épouse l’œil
Soleils attardés
La mer envahie
de plus de chimères
qu’elle ne pourra charrier
Portant sa peine
et ton cœur
dans ses rides amènes
Plateau grisé vainqueur mais
repoussé
brume volcanique
semant le désarroi
densité des flocons
que l’oreille ne perçoit
Au tréfonds du rocher
le jour s’est noyé
le réveil est noir
le rythme est profond
élocutoire
*
Monts désolés piqués de tache rouille
Pylônes muets, courants assourdis
La campagne se tait : par les fils surgit
Parole létale une campagne enfouie
Soupçon de soleil derrière la colline
Voilà le jour enivré
Voici l’ombre fraîche
Jalonnée la rivière n’aura plus d’atours
Sacrifiée à ton règne
Etourdie et fusant
Un reflet un murmure
Dans l’eau le clapotis du
printemps
*
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La pensée du noyau
Dans le sein des seins
L’étrange posé là
*
Sur le perron
Je suis le gardien la gardienne
*
Le vent nucléaire porte la voix
Nucléaire le mot surfin
Entachait nos alvéoles
*
Sur le perron
Je suis l’étendard l’organique
*
Sévèrement
C’était l’appariement
Caressant l’avenir
D’un hochement de tête
*
Tu l’a vu sortir un son
Opprimant le sol.
Tu l’as salué.
*
Tu seras resté,
Posé là.
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Nous en silence, vibrant sous la canopée. La nuit fraîche tombe peu à peu.
Nous mâchons lentement, avec amour.
Les corps se massent en boule inerte, puis s’allongent, et se figent à l’estime.
Au loin le bal des branches sublimes, des ombres éparses : l’air exulte de feulements.
L’ombre d’airain se profile avant n’importe quelle autre, puis celle de l’aïeul, des morts, des jours.
La danse des cimes, ce sont nos ombres qui s’étirent au sol, se rapprochent s’alimentent s’enlacent se détruisent se renouent jusqu’à la fin du temps imparti.
Elles sont productrices et sourdes à tout battement du cœur, tellement prévoyantes, si modernes !
Nous sommes sidérés, incapables de résister.
Alors le vent nous rassoit, parce qu’il nous a polis.
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Ni collines ni statues ni pièces ni corbeilles, le bronze en la mineur résonne de nos pas.
Nous n’entendons plus ni l’orge ni le blé les chèvres et les porcs
Nous n’entendons plus.
Le sol est martelé par le bâton qui chemine ; la main tremble plus, ou moins.
Un bourdonnement monocorde accapare les tempes, puis les cheveux. Le sang afflue dans l’étonnement:
c’est le temps infini la déroute la succession
le mouvement, la dilution,
la ressource
Le serpent se déroule – perte silence pardons- et se perd
Nous n’entendons plus, ne souffrons plus.
Nos pieds avancent, évidemment.
Simplement le souffle : « D’où viens-tu ? Où vas-tu ? »
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Sophie Brassart
Documentaliste et formatrice à l’IUFM de Paris, artiste-peintre et poète.
Voici des extraits de son recueil, Du jour, encore. Ce dernier reproduit la démarche qu’elle entreprend sur son blog « Toile poétique », qui est d’inscrire une aventure intérieure dans le fil même des jours, et de nouer un dialogue entre plusieurs formes, figurées ou non.
Voici l’adresse de son blog : http://graindeble.blogspot.fr/
PS : le recueil n’est pas publié à ce jour.
Quelques-uns de ses poèmes ont été publiés dans Mediapart, les revues Landes, Neiges, La Porte des Poètes, LPpdm, FPDV, Mille et un Poètes.
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